L’écriture est en soi un équilibre bien plus surprenant et bien plus sain qu’une puérile discussion sans d’autres arguments que ceux pris dans des propos recueillis aux éternelles rengaines de ces fréquentations, qu’elles soient celles de son univers dit de travail ou, bien plus souvent, celles très médiatiques d’une sorte de télévision. Les pensées émises par le contexte de la persuasion d’un entourage au confort individualiste et très proche d’une éducation reçue sont toujours celles des autres. Il est évident qu’un héritage, quelqu’il soit, est toujours plus avantageux pour acquérir une notoriété que de l’obtenir par soi-même. Les opinions trop forgées finissent par s’enfermer dans d’inutiles discussions quand toute personne, bien convaincue de sa personnalité, s’enfonce dans la certitude que la vérité est la sienne.
L’écriture permet, bien plus calmement, de se confronter avec soi-même. Elle devient une difficulté à vouloir bien poser sur le papier la vision de sa pensée, surtout elle reste écrite. L’écriture est souvent un conflit d’expressions qui se reformulent sans cesse allant jusqu’à chercher ce qui est plus juste et mieux adapté à sa pensée. Toute personne qui écrit se doit de trouver tous ces mots qui s’enchaînent inlassablement dans son esprit. C’est souvent un fouillis, pourtant bien rangé, mais qui est plus facile à dire qu’à écrire. Lors de l’écriture, il faut pouvoir mettre les mots dans le même ordre sans pour autant les poser définitivement, tel qu’ils sont ressentis à la va-vite sur le papier. L’écriture devient un travail bien plus difficile qu’une envolée de mots qui se perdent dans toute écoute. J’ai aimé parler et j’ai parlé des jours et des nuits entières, pourquoi ? Pour le plaisir d’exprimer une pensée mais que devient l’écoute lorsqu’on sait que pour certains c’est refaire le monde, expression souvent entendue et bien inutile dès lors que les mots sont voulus pour exprimer une pensée. J’ai aimé parler et, maintenant, je me tais. Je n’ai nul besoin d’exprimer mes petites pensées à celles et ceux qui n’écoutent pas plus qu’ils s’écoutent eux-mêmes. Je n’ai plus la satisfaction de dire mais celle d’écrire car au moins l’écrit reste même s’il n’est pas lu, un jour vient où un enfant naîtra et il trouvera. L’écriture reste la confrontation de sa pensée et non sous l’influence de celle des autres. Elle est un recul envers soi et elle permet d’approfondir sa réflexion. Un échange d’idées n’est appréciable que lors d’une vraie rencontre d’esprit sans rechercher de contradictions systématiques. Un échange d’idées est non pour se satisfaire mais pour avancer dans une pensée construite pour le bien-être de chacun et en particulier des autres. Etre en contradiction continuelle finit toujours soit par une soumission ou un abandon, je préfère l’abandon. Nul ne devient un sage sans en avoir compris l’écoute de tant de promesses jamais tenues et en quoi que ce soit. La promesse d’un jour n’est jamais la grandeur des lendemains. La seule complicité ne peut être acquise que par ma plume et, en aucun cas, elle est une sorte de prétention de ma part mais une affirmation de ce que je ressens et, comme tout ce qui m’anime, il est une nécessité de le croire donc de le penser.